vendredi 29 juillet 2016

Discussion entre M. THOMAS et L’ANGE VI0LET - N.D.E



Poursuivant nonchalamment sa route, Mike se sentait au mieux de sa forme. Il ne pensait pas avoir été aussi bien depuis le début de son voyage. Ses nouveaux vêtements et son armure se mariaient parfaitement à l’endroit imposant qu’il traversait. Il se sentait tout à fait à l’aise dans ce décor. Bien qu’il ait passé la majeure partie de son temps depuis le départ à l’intérieur de l’une ou l’autre des maisons rencontrées sur son chemin, il lui semblait avoir fréquenté cette route depuis toujours. L’odeur et l’apparence des choses lui semblaient de plus en plus familières, comme si ses souvenirs de l’ancien Mike commençaient à s’estomper pour faire place aux attributs peu communs de cette nouvelle terre. Il avait l’impression de plus en plus forte que ce qui l’entourait maintenant faisait partie du connu, mais il savait pertinemment que ce n’était pas tout à fait vrai puisqu’il visitait l’endroit pour la première fois. 

Il avait la sensation aiguë d’être habité par une autre puissance et un fort sentiment d’appartenance. Il savait que ce sentiment récent était né des événements survenus dans la Maison de la biologie, et le simple souvenir de Vert le faisait largement sourire. Tout en marchant, il pensait à l’étape qu’il avait franchie pendant son séjour dans cette maison. Que pouvait-il survenir encore ? Il avait traversé le seuil de trois maisons seulement et se demandait quelles autres leçons il allait apprendre. 

Un bruit derrière lui attira son attention. 

Rapide comme l’éclair, Mike se retourna vivement, se plaçant en positon de défense. Il fut lui-même surpris de la rapidité de sa réaction. Il était penché vers l’avant, la main sur la poignée de l’épée de la vérité. Etait-ce son imagination ou l’épée vibrait-elle ? Toute son attention se concentra sur son ouïe pendant qu’il se tenait là immobile, prêt à bondir au moindre signal. 

Rien. 

Le vent avait pu l’induire en erreur, mais il remarqua qu’aucune feuille ne vibrait dans les arbres environnants. Ne bougeant que les yeux, le reste du corps parfaitement immobile, Michael scrutait les alentours. Il réalisa tout à coup que sa vue était très aiguisée. Elle n’avait jamais été d’une telle acuité depuis son départ, comme si, soudainement quelqu’un avait allumé une ampoule très brillante. 

Mike se concentra alors sur ce qu’il voyait afin de mieux examiner une immense pierre. 

Rien. 

Il comprit soudain que même s’il se sentait très à l’aise dans son nouvel environnement peuplé de maisons colorées, l’endroit demeurait dangereux. La forme sombre qui avait hanté ses rêves pendant son séjour dans la Maison de la biologie pouvait très bien se retrouver sur son chemin. Il devait se montrer prudent. Fait étrange, il n’avait pas peur. Il demeura figé, en état d’aller, les  sens affûtés à la limite. 

Dans cet état de conscience avivée, il découvrait un autre élément de ses aptitudes. Bien qu’il ne put ni voir ni entendre quoi que ce soit d’inhabituel, il sentait une présence. Son âme ressentait un inconfort, un sentiment de danger et d’avertissement. Pourtant….. 

Rien. 

Lentement, il se retourna et poursuivit sa route, tournant sa tête de gauche à droite pour mieux entendre tout bruit émis derrière lui, tâchant de percevoir quoi que ce soit d’inusité. Tout en marchant, il s’interrogeait sur cette énigme. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Sur cette terre si pleine d’amour et de découvertes spirituelles, comment pouvait-on expliquer l’existence d’une entité si négative ? Pourquoi le poursuivait-elle ? Pourquoi aucun des anges n’avait-il accepté d’en parler ? Un véritable mystère, mais Mike était prévenu et ne laisserait pas cette sombre créature l’atteindre encore une fois. Il restait alerte avec le sentiment de danger toujours présent. 

Il marcha jusqu’à une heure avancée de l’après-midi. Le crépuscule approchait et il n’avait pas encore vu la prochaine maison. Il décida de ralentir le pas et, se tournant pour mesurer le chemin parcouru, il sortit sa carte tout en demeurant attentif aux bruits et aux mouvements autour de lui. Il fut soulagé de constater que sa précieuse carte fonctionnait de nouveau et qu’elle était « à jour ». Il repéra le VOUS ETES ICI et, tout près, la prochaine maison. Elle était au détour suivant.  Avec un sourire de satisfaction, il replia sa carte et reprit sa route. 

Le voyage entre les deux maisons lui avait pris presque une journée. Il comprit que les maisons étaient séparées par une distance suffisante pour exiger un certain effort de la part du voyageur sans nécessiter toutefois une nuit en plein air. Il en était ravi. Il sentait une fatigue légère et savait qu’elle n’était pas simplement d’ordre physique. L’état d’alerte qu’il avait connu au cours des dernières heures l’avait privé d’une partie de son énergie. 

Dans cette lumière mystérieuse où les choses semblant toutes emprunter la même couleur, Mike aperçut la prochaine maison au détour du chemin. Elle baignait dans cette lumière rouge et orange propre à la tombée du jour. La maison, de style campagnard, rayonnait d’un pur violet, comme si la lueur environnante ne l’atteignait nullement. Mike s’arrêta, ébahi. Il n’avait jamais vu de plus magnifique teinte ! C’était un violet à la fois intense, serein et puissant. La maison donnait l’impression d’une structure parfaitement translucide dont la lumière luisait de l’intérieur. Il poursuivit sa route, se rappelant qu’un arrêt prolongé n’était pas prudent, même s’il était tout près du but. 

En matière de beauté, Michaël était loin d’avoir tout vu encore ! Lorsque l’ange qui serait son hôte ouvrit la porte, Mike ne parvint pas à prononcer une seule parole. Il n’avait jamais rencontré d’aussi belle créature. Il pensa même à s’agenouiller en signe de respect devant tant de beauté. Que se passait-il ? Sa perception des couleurs avait-elle augmenté ? Il n’avait même jamais vu de couleur pareille ! Il resta muet, tel un enfant qui aurait observé un coucher de soleil pour la première fois, se demandant s’il s’agissait là de magie. Puis il entendit sa voix, et quelle voix ! 

Des profondeurs de la tranquillité se fit entendre une voix de velours qui apaisait tout l’air ambiant qu’elle faisait vibrer. Et c’était indéniablement une voix féminine ! 

-  Salut à toi, Michaël Thomas de l’Intention pure, dit la douce voix. Nous t’attendions. 

Toujours abasourdi, Mike n’arrivait pas à répondre. Il n’avait même pas une pensée à offrir à l’ange ! Confondu, il prit conscience d’avoir cessé de respirer. L’ange se mit à rire et ajouta : 

-  Je ne suis pas une femme, pas plus que ne l’était Vert. Les anges portent tous les attributs du genre biologique humain. Ma voix et mon apparence visent à rendre ton séjour ici plus confortable. 

Mike ne comprenait rien de ce que lui disait Violette. Il avait retrouvé son souffle, mais en savait toujours pas quoi dire. Les paroles qu’il réussit à prononcer résonnèrent horriblement à ses oreilles. 

- Quelle apparence ! Non seulement le son, mais les paroles, étaient ridicules. Quelle stupidité à prononcer devant une si belle entité ! Il revécut l’embarras qu’il avait connu, enfant, alors qu’on attendait de lui, sans succès, qu’il dise des paroles sensées à un adulte. Sa stupeur était en partie provoquée par l’être devant lui. Mike se trouvait devant une créature angélique immense qui présentait toute la délicatesse du genre féminin, mais sans aucune distinction physique par rapport aux autres anges. Ils portaient tous ces mêmes vêtements flous de la couleur de leur maison qui cachaient toute caractéristique propre au genre. Ils étaient tous immenses, mais son visage… celui de Violette était indéniablement féminin. Il avait la douceur du visage de sa grand-mère et de sa mère et s’apparentait à la sainteté. Mike soupira avant d’essayer à nouveau de parler. 





-     Je m’excuse, Violette… il avait même l’impression qu’il lui manquait de respect en l’appelant par ce nom de couleur… trop familier. Il poursuivit : « Je ne m’attendais pas… enfin, je ne savais pas que les anges pouvaient aussi être des femmes ». Il regretta aussitôt d’avoir ouvert la bouche ! Quelle sottise ! Bien sûr, les anges étaient des femmes. Chaque ange représenté dans des tableaux n’était-il pas une femme ? Violette se tenait là, sans rien dire. Michaël reprit à nouveau : 

-       C’est que tous les autres avaient l’apparence d’un homme. Mike aurait voulu effacer tout ça et recommencer encore une fois. 
Ses capacités de communiquer et son éloquence avaient disparus. Il avait complètement échoué à saluer cet ange de façon décente. Il soupira encore et haussa les épaules. Violette lui souriait. 

-       Je comprends parfaitement, Michaël Thomas. 

Le regard qu’elle lui jeta aurait pu faire fondre son armure. Il ne présentait rien de romantique, mais bien plutôt un incroyable amour essentiellement maternel. Voilà qui  avait dérouté Mike. Comme s’il revoyait sa mère ! Il avait l’impression d’être réuni à sa famille disparue, se sentant à la fois heureux et incrédule. Il y avait si longtemps qu’on ne l’avait pas regardé de cette façon. Il aurait voulu se faire tout petit et être cajolé. Ses pensées l’embarrassèrent, car il savait que Violette pouvait les percevoir. Elle poursuivit : 

-       Tu t’habitueras très vite, Michaël. Mon apparence s’explique. Ce n’est pas ainsi pour tous les voyageurs, mais pour toi, c’est différent. 

Mike comprit. L’apparence et l’attitude de Violette devaient le servir. Mais il se demanda tout de même pourquoi il avait besoin de « voir » un ange maternel. 
-       Parce que tu l’as mérité, dis sagement Violette. Les événements d’ici ne servent pas toujours à l’enseignement. Plusieurs constituent des présents orientés vers la croissance. Tu as visité seulement trois maisons, et déjà, tu te démarques en tant que voyageur très spécial. 

Mike saisissait le sens de ces paroles mais, avant qu’il ne trouve à répondre au  compliment, Violette lui fit une demande qu’il n’était pas prêt d’oublier. 

-       Michaël Thomas de l’Intention pure, dit-elle doucement, aurais-tu l’obligeance d’enlever tes chaussures ? 

Mika obéit. Il remarqua, près de la porte, un espace prêt à recevoir une paire de chaussures et les plaça là. Elles se fondaient parfaitement au décor. 

-       Mike, sais-tu pourquoi je t’ai demandé cela ? Michael réfléchit. 

-       Parce que je suis en terrain sacré à l’intérieur ? Il se rappelait Moïse et le buisson ardent, et le dialogue de cette histoire. 

-       Alors, pourquoi els autres n’ont-ils pas eu la même exigence ? Mike continua à réfléchir et risqua une autre réponse. 

-       Parce tu es un ange très spécial ? Violette s’amusait et se mit à rire.

Perplexe, Mike savait qu’il n’avait pas donné la bonne réponse. 

-       Allons, entre. Violette se retourna pour pénétrer dans la maison. Mike la suivait mais s’inquiétait du manque d’intimité de leur conversation. Il l’interpella une fois à l’intérieur. 

-       Violette, dis-moi, pourquoi m’as-tu demandé de retirer mes chaussures ? 

-       C’est à toi de ME le dire, Michael, avant de repartir. 

Violette le guidait dans la maison. 

Mike n’appréciait pas que les anges le fassent attendra avant de lui donner les réponses, encore moins qu’on lui demande de les fournir lui-même. Trop exigeant, se dit-il. 

-       C’est la raison pour laquelle tu es ici, lui dit l’ange en continuant de le guider dans la maison violette. Encore une fois, il eut honte de ses pensées. 

La maison n’avait aucun éclat, l’opposé de son hôtesse. Mike constata que son ébahissement l’avait empêché de lire la pancarte à l’entrée. 

-       Violette, comment s’appelle la maison ? Le regardant fixement dans les yeux, elle lui dit : 

-       C’est la MAISON DES RESPONSABILITES, Michael Thomas. Elle attendait sa réponse, un air inquisiteur sur son beau visage. Mike sut que des difficultés l’attendaient ! 


Oh ! dit-il, tâchant de ne rien laisser paraître sur son visage. Il n’avait pas donné à Violette la réponse qu’elle espérait. Elle se retourna et continuer la visite. Le nom de la maison l’avait troublé. Il avait déjà imaginé le déroulement de plusieurs types de scénarios sous son toit. Quel vilain mot que la responsabilité ! Il lui rappelait ses parents le pressant de faire ceci ou cela. C’était un terme qui s’accompagnait d’un jugement. Par la suite, il l’entendit de la bouche des femmes qu’il fréquentait, toujours dans un esprit critique à l’égard de ses actions. Pourquoi, se demanda-t-il, les femmes essayaient-elles toujours de le « modeler » à leur goût. Il eut alors une pensée terrible. Peut-être était-ce le rôle de Violette ? Une autre envoyée de Dieu pour me changer. Et si Dieu était une femme ? Ce ne serait pas sérieux ! Puis, il se prit à sourire devant ces pensées humaines si « viriles », sachant très bien qu’elles n’avaient aucun sens. Dieu n’était ni homme, ni femme, mais le scénario qu’il imaginait l’amusait néanmoins. A quoi pouvait bien servir la Maison des responsabilités ? 

Violette le guidait par une série de petites pièces vers une salle à manger. 

-       Qu’y-t-il  ici ? demanda Mike alors qu’ils passaient devant deux immenses portes. 

-       Un cinéma. 

Un cinéma ? Les réflexions de Mike se succédaient à un rythme fou pendant qu’il marchait derrière Violette. Pourquoi une salle de cinéma dans une demeure d’ange ? Il eu une autre pensée étrange. Peut-être préparait-on une séance de cinéma ? L’idée d’assister à un film en compagnie de Violette l’amusait. Il se dit qu’ils verraient sans doute un de ces films sur les anges très à la mode. Il faillit en éclater de rire. Violette, percevant  les pensées de Mike, s’amusait aussi beaucoup mais pour d’autres motifs. 

Enfin, ils arrivèrent à destination. Les appartements de Michael et la salle à manger ressemblaient encore une fois aux autres. Dans le placard, il trouva des pantoufles et de magnifiques vêtements violets qui, de toute évidence, avaient été créés pour lui. L’odeur de la nourriture chatouillait ses narines. Encore une fois, on lui présenta un choix illimité d’aliments. Comment connaissait-on le moment de son arrivée ? En fait, il n’avait jamais rencontré de personnel de cuisine ou d’entretien ménager. Il se rappela le dégât que Vert et lui avaient créé après leur danse et les traces de fruits sur ses pieds pendant des jours. Ceux qui préparaient les plats savaient se déplacer sans se faire repérer, tels des lutins. Quel endroit ! 

Mike s’attendait à constater la disparition de Violette, comme avec les autres anges. Mais, elle était toujours là. 

-       L’ensemble te convient-il Michael ? Elle était vraiment magnifique. Mike était toujours sous le charme de ses qualités maternelles. 

-       Oui, merci. Il avait presque envie de s’incliner, en signe de respect.

-       Nous commencerons demain matin. Bonne nuit, Michaël Thomas de l’Intention pure. Sur ce, elle quitta la pièce. 

Les choses changeaient. Tout comme Vert était demeuré sur le palier au moment où Mike avait quitté la Maison de la biologie, Violette avait quelque peu agit différemment ici. Les anges devenaient-ils plus polis ? Commençaient-ils à pratiquer l’étiquette des humains ? Mike constata la différence, mais décida de ne pas commenter. 

Il mangea, se mit au lit et tomba immédiatement endormi. Il se sentait en sécurité, au chand et aimé. Une autre aventure commencerait le lendemain et il savait que l’enseignement de Violette ajouterait à ses connaissances. Il rêva délicieusement de son enfance et de ses parents. 


Aux abords de la maison, la forme sombre et fuyante exerçait une surveillance complète. Elle était à la fois aux aguets et en colère. Lorsque Mike avait quitté la maison verte en route vers celle-ci, l’horrible créature avait été estomaquée des transformations qu’il avait subies. Il avait acquis de la puissance, sans compter ces armes stupides. La vigilance de Mike ressemblait à celle d’un guerrier et il était sans peur ! Qu’avait-il bien pu se passer dans la dernière maison pour qu’il change à ce point ? La silhouette verte bouillait de colère à la pensée de l’occasion qu’elle avait ratée de le mettre au défi durant la tempête. 

Celle-ci commença à élaborer un meilleur plan pour mettre l’être humain en boîte. L’entité négative se dit d’abord que si Michael Thomas avait choisi de devenir un guerrier insaisissable, il aurait dû emprunter un chemin plus discret et non pas la route toute tracée comme il l’avait fait. Puis, elle réalisa que Mike suivait toujours le parcours. Il ne pouvait faire autrement puisqu’il ne savait pas où se trouvait la prochaine maison. La solution pour le piéger consistait donc à prendre les devants et à attendre sa proie à un détour du chemin. Si l’étrange créature avait pu sourire encore une fois, elle l’aurait fait. Sans sommeil, l’horrible forme avait des visions de la chute imminente de Michael Thomas de l’Intention pure. 

Le matin suivant ressemblait à tous les autres. La journée s’annonçait magnifique. Le repas était splendide. Michael savoura un délicieux muffin aux bleuets, n’en finissant pas de s’extasier sur la fraîcheur et la saveur qu’il  y trouvait. 

-       Celui que j’ai déjà eu entre les orteils ne goûtait pas si bon. 
Il rit en se revoyant danser avec Vert dans la salle à manger de la dernière maison. 

Tout comme il finissait de revêtir ses nouveaux habits, on frappa à la porte. Tiens, les anges frappent aux portes maintenant ! 

-       Entrez, lança Mike d’une vois polie. Violette semblait flotter et Mike lui sourit. Il faudra voir à remercier les responsables de ce merveilleux petit déjeuner ! 

-       Je t’en prie, dit Violette. 

-       C’est toi ? 

-       C’est nous tous. Nous ne formons qu’un. 

-       Oui, on m’en a déjà informé. Un jour, je comprendrai. D’ici là, je vous remercie tous. 

-       Es-tu prêt ? 

-       Oui, bien sûr. 

Violette le guida dans des endroits qu’ils avaient traversés la veille. Les deux grandes portes étaient ouvertes, et Mike put entrer dans le cinéma aux teintes violettes. Il s’arrêta, ébahi et incrédule. Il n’arrivait plus à bouger et Violette ricanait. 

Devant eux, s’érigeait un écran géant. A l’arrière de la pièce, on pouvait voir un projecteur des plus modernes et des tas de bobines de film empilées prêtes à la projection. Il devait y en avoir des centaines ! 

-       Eh bien, Michaël Thomas, nous allons regarder des films, toi et moi ! 

-       Pas possible ! C’est une blague ! 

Devant la réponse, Violette cessa de sourire et le regarda sérieusement. 

-       Oh non ! Absolument pas ! Vraiment pas ! Si tu veux bien prendre place dans la première rangée. 

Violette se dirigea vers l’arrière de la salle et mit l’équipement en branle. Mike demeurait confus devant le paradoxe qu’il observait. Un ange qui actionne un projecteur de cinéma. Ce n’est pas là un jouet de lieu sacré. Comme c’est étrange ! Mais il obéit et s’installa au centre de la première rangée.

A l’encontre des salles de cinéma qu’il connaissait, la première rangée se trouvait au centre de la pièce. Il y avait un autre élément étrange ; le fauteuil central de la première rangée était rembourré et velouté. Tous les autres ne l’étaient pas, comme s’ils avaient été placés là pour créer un effet seulement. Mike s’installa dans le fauteuil moelleux, devant l’écran géant.

-       Alors, qu’allons-nous regarder Violette ? Mike se sentait un peu nerveux. 

-       Du cinéma familial, lui répondit-elle, trop occupée à préparer la première bobine pour se tourner vers lui. Mike n’aimait vraiment pas le ton de la réponse. 

Il avait l’estomac noué. Encore cette sensation étrange. Décidément, son intuition toute nouvelle faisait des heures supplémentaires, lui faisant savoir que ce qui s’annonçait risquait de se révéler désagréable. Il pensa à blaguer ; et demander du maïs soufflé peut-être ? Il n’en eut pas le temps. Les lumières se tamisèrent, comme dans une vraie salle. Mike entendit le bruit du projecteur et l’écran s’anima. Il eut le cœur serré dès la première image. 

Le premier film qu’il vit ce jour-là, comme tous ceux qui suivraient, était d’une qualité impeccable ; aucun soubresaut, une image en trois dimensions, sans avoir à porter de stupides lunettes ! le son provenait de l’endroit approprié sur l’écran, même lorsque les personnages se déplaçaient. Mike souhaita aussitôt que le film n’ait pas été si réel. Il était trop près. L’écran circulaire lui donnait l’impression de faire partie de chacune des scènes. Il aurait voulu reculer, mais il ne le pouvait pas. 

Sur l’écran, devant lui, il voyait Michaël Thomas ! S’il avait dû donner un titre au film, il l’aurait intitulé « Les choses désagréables de ma vie ». Le film débutait alors qu’il était enfant, et c’était là d’une réalité désarmante. Sa mère avait l’air toute jeune et son père, tellement beau ! Tous ces souvenirs l’émouvaient et ranimaient en lui de précieux moments. Il revivait tout encore une fois ! Chaque épisode remplissait une bobine entière et se déroulait en temps réel, comme les événements s’étaient vraiment passés, à l’exception du fait qu’on ne lui montrait que les expériences négatives. 

Les premières bobines étaient amusantes. On y voyait Mike, un petit garçon blond de trois ans, qui jouait avec les produits de maquillage de sa mère. Il avait fait tout un dégât dans la salle de bain et sa mère l’avait pris sur le fait. Elle était en colère et lui administrait sa première fessée. En tant qu’adulte revivant la scène, Mike fut étonné de la vividité de l’expéri0ince. Il revivait les émotions rattachées à toutes tes séquences. Il craignait maintenant que ce cinéma maison ne se transforme en film d’horreur lorsqu’il se verrait, plus âgé sur l’écran. Mike avait l’impression qu’on l’avait attaché à une voie ferrée et que le train approchait. 


Il revit d’autres scènes de son enfance, chacune lui rappelant un événement qu’il avait oublié depuis longtemps. Il se revit dans la salle de bain à l’âge de six ans, incapable de sortir. Il revécut l’émotion d’alors ; ce n’était pas sa faute. La poignée était restée coincée, et on avait dû faire revenir son père des champs pour qu’il démonte la porte ! Il  était furieux, et Mike avait eu droit à sa deuxième fessée. Il ressentait encore la trahison subie  ce jour-là. Il n’avait pourtant rien fait de mal, mais son père, en colère, l’avait frappé avec sa plus grosse ceinture. Il avait perdu un temps précieux aux champs et prit du retard dans les récoltes. En tant qu’adulte, Mike commençait à se sentir déprimé. 

Il regarda bien d’autres bobines encore. Subitement, il eut dix ans. Il devait prendre l’autobus pour se rendre à l’école du village. Il revit Henry, le tyran qui revenait le tourmenter à chaque semestre. Les autres semblaient aussi le détester, mais ne faisaient rien contre lui. Ils avaient tous peur. Parce que Mike venait de la ferme t d’un village au nom bizarre, les autres élèves riaient de lui. Le tyran, par contre, était sans pitié. Des enfants de tous les milieux fréquentaient l’école, mais ceux qui vivaient sur des fermes devenaient de plus en plus rares. Mike portait des vêtements qui trahissaient ses origines ; c’était sa mère qui les cousait. Il se distinguait ainsi des autres, et le tyran ne ratait pas une occasion de le lui rappeler. De concert avec les autres écoliers, il se moquait des vêtements de Mike, de son odeur et même du mode de vie de ses parents. 

Mike revit le jour où un groupe d’enfants l’avaient invité à se joindre à leurs jeux. Il en était heureux. Ils voulaient jouer avec lui ! Mais, c’était un piège. Au lieu d’être inclus dans leurs jeux, il devint la risée du groupe. Ils le placèrent à un certain endroit pendant qu’un autre se mit à quatre pattes derrière lui. Puis ils le firent tomber à la renverse, exactement sur l’autre garçon à quatre pattes. Ils en riaient à gorge déployée. Mike rit aussi, essayant d’être bon joueur, mais ils s’écartèrent de lui, le laissant seul. C’était douloureux. La vue de ces images ne lui plaisait décidément pas. Ça servait à quoi ? Il commençait à s’irriter de voir sa vie exposée ainsi et surtout, d’avoir à la revivre de nouveau. Une fois ne suffisait-il pas ? 

Dans une autre bobine, il avait quatorze ans. Il se revit le jour où on l’avait accusé d’avoir triché en classe alors que tel n’était pas le cas. Un élève s’était emparé de documents appartenant au professeur et les avait remis sur son bureau en désordre pour bien indiquer qu’ils avaient été consultés. Puis, il avait faussement dénoncé Mike, affirmant l’avoir vu faire. L’enseignant l’avait cru. Après tout, Mike était un enfant de fermier qui portait toujours des vêtements étranges, bien qu’il ait de très bonnes notes en classe. On le renvoya chez lui, et il fut exclu de la classe pour la journée. Dans l’autobus qui le ramenait à la maison, il se demandait comment il allait expliquer la situation à ses parents. Il se détendit un peu, sûr qu’ils le croiraient. Hélas, ce ne fut pas le cas et Mike se sentit complètement abandonné sur cette terre. Il savait que ses parents l’aimaient, mais il aurait voulu qu’ils lui accordent le bénéfice du doute au moment où il en avait tant besoin. Il était anéanti par la solitude. 

Michael était assis dans son fauteuil de cinéma depuis des heures, mais le Mike sur l’écran n’avait pas encore terminé sa croissance. Il pensa au temps qu’il allait encore s’écouler avant qu’il n’arrive à la fin de sa torture. Il lui semblait avoir perdu toute trace de spiritualité. Il avait l’impression qu’on le battait. Empreints d’une précision inouïe, les films ne lui laissaient pas de répit. Il n’y manquait aucun détail, aucun élément ; les voix et les personnages se révélaient tels qu’il les avait effectivement connus. Le processus l’ébahissait, mais le sujet le désarmait ! 

Ses premières fréquentations maintenant ! Embarrassant ! Il portait toujours ces vêtements étranges, qui provenaient maintenant des magasins, mais sa mère n’avait aucun sens de la mode et faisait des combinaisons pour le moins étranges, sans parler de choix des tissus. Les filles, à l’école ou à l’église, jugeaient Mike intéressant, mais il savait qu’elles se moquaient de ses vêtements. Il avait honte ! Il ne mit pas longtemps après avoir surpris quelques conversations à son sujet, à se décider à faire des économies et à acheter ses propres vêtements. A partir de là, il sentit croître sa confiance, car il avait un certain flair pour choisir ce qui lui allait. Il examina la question et il décida d’aller faire ses chats en compagnie d’une fille ou deux pour l’aider à mieux choisir.

Les filles adoraient ça ! Imaginez ! un gars qui aime fréquenter les magasins ! Ce fut le début d’une importante métamorphose. De l’adolescent mal fagoté qu’il était, il devin un jeune homme attrayant et désirable, ce qui entraîna chez lui un changement de sa personnalité. Il prit énormément d’assurance. Il réussit à maintenir de bonnes notes et s’engageant activement dans plusieurs activité parascolaires. Et puis un jour, la jalousie poussa quelqu’un à mener contre lui une campagne de dénigrement, ce qui lui fit perdre le poste de président qu’il convoitait. La rumeur circula qu’on l’avait surpris à faire des obscénités dans les toilettes des filles. Tout le monde avait envie d’y croire ; c’était à la fois une nouvelle à sensation et… complètement faux.

Il était le favori aux électrons puisqu’il avait occupé la présidence à plusieurs reprises mais la rumeur l’emporta et Mike subit une énorme perte. Du même coup, il perdit l’affection de sa première petite amie,, Carole. Elle refusa dès lors de lui adresser la parole. Sa peine le rongea pendant des semaines et il laissa tomber toutes ses fonctions à l’école. Il était victime, encore une fois. Et il revoyait tout, étape par étape, sur l’écran devant lui. L’événement s’étira, toujours en temps réel, découvrant chaque parcelle de cet incident malheureux. Il en sortit changé, et le poids pesait encore sur lui pendant qui’ le revivait. 

Le cinéma se poursuivit. On ne lui offrit pas de repas du midi. En effet, l’entité qui actionnait le projecteur savait que Mike n’aurait pas d’appétit. Elle avait raison. A chaque fin de bobine, on entendait le bruit du ruban frappant le métal, et la noirceur tombait sur la pièce. Puis, il y avait un silence étrange, rompu seulement par le bruit des engrenages de la bobine et des interrupteurs du projecteur. Ni Mike ni Violette ne prononçaient une seule parole. Puis, l’écran s’animait de nouveau des pires images de la vie de Mike ! Il savait, alors que les projections avançaient dans le temps, que l’événement majeur serait bientôt devant lui. Puis, il le vit… le jour de l’accident mortel de ses parents. 

Michael savait très bien qu’il n’avait pas à demeurer dans son fauteuil s’il ne le voulait pas. Tous les anges l’avaient entretenu de son libre choix. Il aurait voulu fuir, et dans son esprit, il formulait des pensées qu’il souhaitait transmettre à tous les anges. Dieu, s’il te plaît, ne me faits pas vivre tout ça encore une fois. Ça suffit ! Mais, il revit toute la scène, convaincu qu’un camion lui roulait sur le corps. 

Mike ne flancha ni ne pleura dans son fauteuil. Il attendrait à plus tard. Il resta la, impassible, regardant le théâtre de sa vie se dérouler devant lui en temps réel. Il revécut l’appel téléphonique, le choc, les funérailles, la douleur et la peine, la vente de la maison, de la grange et des terres ; la vente de l’équipement de la ferme, y compris celle du vieux tracteur. Il revit le triage qu’il fit des effets personnes de ses parents, les photos des jours meilleurs, leurs photos de mariage et même les lettres d’amour qu’ils s’écrivaient durant leurs fréquentations. Mike resta immobile, essayant de ne pas revivre toutes ces émotions. Il força son esprit à les refouler, mais se sentit victime dans son fauteuil. Il sentit les convulsions involontaires de la douleur qui surgissaient par vagues dans son corps. Il brûlait de l’envie de laisser sortir sa peine en pleurant. La présentation était en tous points semblables à la réalité. C’était la chose la plus cruelle qu’on lui eut jamais imposée. Tout ce qu’il voyait depuis des heures avait fait de lui l’objet d’une mauvaise blague. Et maintenant,…on le poursuivait jusque dans cette pièce pour le punir. Il jugeait la situation injuste et se demandait à quoi elle pouvait bien servir. 

Il respira de soulagement lorsque l’épisode du décès prit fin. Il ne pouvait rien imaginer de pire. Il était en sueur, épuisé et se sentait diminué. Le sujet était d’envergure et il ne pouvait détacher ses yeux de l’écran tellement la réalité était prenante. 

Lorsqu’il vit « Criquet », de son véritable prénom, Shirley, il sut encore une fois ce qui l’attendait. L’incident qu’il allait revoir correspondait à la fin de son histoire d’amour à Los Angeles et à la rapidité avec laquelle la situation s’était détériorée. Il s’était jeté dans cette aventure à corps perdu alors que Criquet avait pris la chose avec une telle légèreté. Cela n’avait pas été une aventure mortelle, mais cela aurait pu l’être. En tout cas, cela avait été la mort dans son cœur, très certainement. Mike essaya encore une fois de s’endurcir pendant que la scène se déroulait devant lui. Qu’elle était belle ! Une voix inoubliable ! L’événement était encore tout frais et avait d’ailleurs été à l’origine de sa récente dépression, de son manque de confiance et du statu quo quant à son emploi minable. Devant lui s’étalaient en fait les scènes du deuxième grand malheur de sa vie. Puis le film lui montra son lieu de travail, des images de son patron maniant habilement la violence verbale et l’espace restreint dans lequel il avait accepté de travailler à Los Angeles. 

La séance prit fin à seize heures. Les dernières scènes se déroulaient dans son appartement, lorsqu’il avait été attaqué puis transport à l’hôpital. Puis, l’écran redevint vierge et il entendit le bruit du ruban signalant la fin d’une autre bobine. Le bruit continuait, mais la salle restait dans le noir. Mike se leva et, plaçant ses mains en forme de visière au-dessus de ses yeux, se retourna en direction de la lumière crue du projecteur pour essayer de voir Violette. Elle n’était pas là. La conclusion du film marquait sûrement la fin de la leçon d’aujourd’hui, et, comme dans le fils, Mike se retrouvait seul. 

La fin du ruban continuait de frapper la bobine de métal et Mike sortit de la salle pour se diriger vers ses appartements. Il n’avait toujours pas faim. Il était déprimé. On avait agité ses émotions jusqu’à la moelle et il se mit immédiatement au lit, sans se dévêtir. Violette ne vint jamais lui souhaiter une bonne nuit. Il appréciait son tact, car il n’avait absolument pas envie de parler. Cette nuit-là, il continua à voir les films dans ses rêves. Il revit le tyran de ses jeunes années, ses parents et Criquet. Décidément, ils ne le quittaient plus : n’en pouvant plus, il se laissa finalement aller, pleurant à chaudes larmes. Le fait d’avoir revu ses parents, tellement vivants, renforça sa peine. C’était la deuxième fois, depuis son arrivée sur cette terre sacrée, bénie et angélique, que Michael se sentait complètement seul et dans une noirceur totale, une véritable victime de la vie. Et maintenant, les scènes de film l’avaient prouvé ! 

 Le lendemain matin, Mike se sentit un peu reposé, mais resta songeur. Et il avait faim. Il ne se fit pas prier pour engouffrer un copieux petit déjeuner. La menace de la veille passait encore sur lui mais il avait l’impression que le pire était derrière lui. Il se sentait fort et même s’il ne comprenait pas encore l’utilité de tout cela, il était déterminé à ne pas se laisser glisser à nouveau dans la noirceur et la dépression. Aujourd’hui, il ne pouvait arriver que quelque chose de mieux. 

Après le petit déjeuner, Mike s’habilla. Comme par magie, on lui avait laissé de nouveaux vêtements violets, pour remplacer ceux dans lesquels il avait dormi. Lorsqu’il fut prêt, Violette se montra dans l’entrebâillement de la porte, sans dire un mot. On aurait dit qu’elle voulait lui offrir un moment pour s’exprimer et se « vider le cœur » ou simplement l’occasion de lui reprocher l’expérience douloureuse vécue la veille. Mike était conscient de sa présence. Elle le surveilla pendant quelques instants et finalement s’adressa à lui. 

-       Michael Thomas de l’Intention pure, as-tu quelque choses à dire ? 

-       Oui. Y a-t-il d’autres films ? 

-       Oui, répondit doucement Violette. 

-       Bon, alors, allons-y ! dit Mike, attendant qu’elle bouge. Violette était surprise. Dans cette maison, l’expérience des anges avec les humains n’avait jamais été telle. Vert avait raison. Ils avaient affaire à un être à part. il réussirait peut-être. Il ferait peut-être partie des rares élus. Elle n’avait jamais vu tant de détermination et un changement si rapide. Elle se sentait privilégiée de prendre part à sa formation et ressentit un grand amour pour lui. Elle se retourna et se dirigea vers la salle de cinéma. 

Mike connaissait la routine. Il s’installa dans son imposant fauteuil violet et bien rembourré de la première rangée, tel un prisonnier sur sa chaise électrique, attendant le courant ou plutôt, dans son cas, la fermeture des lumières et le début de la projection. Il était plus résolu que jamais. Rien ne l’empêcherait d’atteindre son but. RIEN ! 

Encore une fois, sa vie se déroula devant lui, depuis son enfance. Mais il comprit aussitôt que cette fois, ce serait différent. Le sujet avait changé. Le titre aurait pu être « Les mauvaises actions de ma vie ». Les épisodes de l’enfance étaient amusants, et Mike rit de bon cœur à plusieurs reprises. Il était bon de rire, même s’il avait encore les côtes endolories de ses pleurs de la nuit précédente. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, certaines des choses qu’il revoyait commençaient à l’embarrasser. Violette les connaissait sûrement toutes et il ne tenait pas à les revivre. Plus le temps passait, plus il se faisait petit dans son fauteuil. En fait, il se sentait de plus en plus mal à l’aise. 

Il avait dix ans et se trouvait dans l’église. Il s’amusait à faire circuler les dessins obscènes qu’il avait conçus avec ses petits copains. Ils les glissaient dans les enveloppes de l’église, puis dans la corbeille qui circulait parmi les fidèles pour recueillir les dons de la semaine. Ensemble, ils riaient en imaginant l’expression des dames patronnesses qui dépouillaient les enveloppes de la quête pour compter les fonds. Vraiment, ils s’amusaient beaucoup ! 

A l’âge de douze ans, Mike s’était faufilé dans la cour et avait fait démarrer le tracteur de son père pendant que ses parents étaient à l’église. Il avait feint d’être malade pour rester à la maison. Le tracteur démarra sans problème, mais Mike ne savait pas comment le faire avancer. Il essaya chaque manette et chaque pédale, de plus en plus frustré>. Il ne comprenait pas le fonctionnement de la pédale d’embrayage et pensait que, comme pour la voiture familiale, une pédale servait à avancer et une autre à arrêter. Il entendit plusieurs bruits étranges et, bien sûr, il brisa le mécanisme d’embrayage. Lorsque son père découvrit le problème, il demanda à Mike de lui dire la vérité. 

-       Mike, as-tu essayé de démarrer et de faire avancer le tracteur ? 

-       Mais non, voyons ! 

Mike eut aussitôt honte et se sentait encore honteux aujourd’hui. Son père savait la vérité ; Mike le voyait dans ses yeux. Ce jour-là, Mike comprit ce que signifiait rompre l’unité familiale. Le sentiment était affreux et l’avait poursuivi toute sa vie. La facture de réparation faramineuse avait fait prendre conscience à Mike de sa stupidité et les avait tous contraints à se priver de nourriture décente pendant plusieurs semaines. Chaque fois qu’ils se mettaient à table, Mike dégustait le résultat de son geste. Il lui fallait en plus le revivre en couleurs et en trois dimensions ! Il ne fit menu dans son fauteuil. Quelle vraisemblance ! 

En grandissant, Mike devint plus fort. A l’époque, les élèves se suivaient d’une école à l’autre tant et aussi longtemps que leurs parents respectifs habitaient au même endroit. C’est ainsi que le tyran Henry et Mike continuèrent de fréquenter les mêmes écoles. S’il menait le bal au primaire, il en fut autrement au secondaire. Il ne dépassait plus les autres d’une tête comme autrefois et les règles du jeune devinrent plus équilibrées. Henry ne réussissait pas bien en classe et il obtint difficilement son diplôme. Michael profita de chaque occasion qui s’offrait de lui rendre la vie impossible. Il se servit de sa taille et de sa popularité pour l’intimider, l’injurier ou le menacer. 

Au cours des premières années du secondaire, il se servit de son pouvoir de président pour l’exclure de tout ce qui pouvait être bon. Il utilisa habilement son influence pour éloigner l’ancien tyran d’événements agréables, comme la remise des diplômes et de domaines où il excellait. Mike agissait toujours sans demander l’avis de personne et se réjouissait de chaque occasion qui s’offrait de ruiner ses années au secondaire. Même si Henry savait ce qui se tramais, il n’y pouvait rien. Il fut éventuellement en mesure de se venger, mais Mike n’en sut rien avant de se retrouver dans on fauteuil violet pour avoir toute la situation se dérouler devant lui. C’était Henry qui lui avait fait perdre son poste de président : c’était lui qui avait lancé les rumeurs qui l’avaient empêché de conserver son poste. 

Plus tard, Mike avait appris que Henry avait mal tourné et qu’il s’était retrouvé en prison. Il s’était souvent demandé si les choses se  seraient passées autrement si Henry savait pu faire tranquillement son chemin durant ses années de secondaire. Mike avait honte de ce qu’il avait fait et se voyait de nouveau confronté à ses actions passées. 

Il se trouvait vraiment stupide. Le film montrant ses mauvais coups était plutôt long, et l’aspect immoral ressortait avec le temps. Michael avait peut-être même détruit toutes les chances d’un homme. Il se sentait tout à fait nul mais continua de regarder l’écran. A cours de sa dernière année au secondaire, il avait triché à un examen. Sa moyenne générale était bonne, mais sa note était faible en histoire des Etats-Unis. Il en imputait la faute à un professeur ennuyant et réussit, en utilisant la clé conservée d’un ex-président de classe, à se procurer une copie de l’examen. Il estimait que c’était une douce vengeance puisqu’on l’avait injustement accusé et puni quelques années auparavant. A son esprit, son geste était tout à fait justifié. Mais la situation se gâta. Le sort voulut que l’enseignant remarque immédiatement le progrès subit de Mike et l’accuse du geste qu’il avait commis. Mike, mettant à profit sa forte personnalité et s’appuyant sur ses bonnes notes dans les autres matières et sur sa réputation, dénonça le professeur à l’administration. Ce dernier vit inscrire à  son dossier une remarque qui ruina sans doute la progression de sa carrière; Mike n’en avait jamais eu conscience avant de s’installer dans le fauteuil moelleux de la salle violette. 

Oh ! Quelle horreur ! Etre victime de la vie est déjà difficile mais se regarder mentir et tricher est horrible. Mike ne désirait plus voir ces images et aurait souhaité qu’on y mette fin. Son vœu se réalisa. Il n’y avait pas d’incidents intéressants à observer à l’âge adulte. Toute sa vie avait été chavirée par le décès de ses parents. Il avait mûri rapidement, et une intégrité ferme s’était développée en lui. Il portait fièrement le nom de sa famille, et le travail ardu de ses parents lui servait de modèle. Il soupira d’aise lorsqu’il entendit encore une fois le bruit de la pellicule sur la bobine indiquant la fin du film. Cette fois, le projecteur s’arrêta et les lumières revinrent graduellement. Violette s’approcha près de lui. 

-       Michael, voudrais-tu me suivre ? 

Sans dire un mot, Mike obéit en se tirant lourdement du fauteuil où il avait passé tant d’heures. Il espérait ne plus jamais le revoir et détesta cet endroit où on lui avait déroulé le film de sa vie. En sortant, il jeta un coup d’œil au projecteur, s’attendant à  voir tous les films qu’on lui avait montré depuis les deux derniers jours, mais l’endroit était propre et dégagé. 

Violette était l’entité la plus prévenante qu’il ait rencontrée. Elle n’était pas pour autant meilleur que Bleu, Orange ou Vert, mais elle était différente. Chaque ange avait manifesté des qualités que Mike avait appréciées. Violette dégageait de la bienveillance et de l’affabilité. Mike aurait voulu s’installer dans la maison violette pour y vivre sous cette tutelle parentale apaisante. C’était merveilleux d’écouter sa conversation. Tout était si facile quand elle était là. Ce sentiment était familier à Mike ; il réalisa que c’était le sentiment d’être un enfant sans responsabilité. Il était donc normal qu’il l’ait rencontrée dans la Maison des responsabilités. Elle représentait un parent, et Mike sentait comme un petit enfant, dégagé à la vie. 

Violette le guida vers une grande pièce. On aurait pu croire que c’était une salle de conférences, mais on n’y trouvait que deux fauteuils. Il y avait un tableau d’affichage sur un des murs et plusieurs symboles et graphiques sur les autres. 
Dans les premières maisons, les anges ne s’étaient jamais assis si longtemps. Puisqu’ils ne se fatiguaient pas et n’avaient pas besoin de dormir, ils n’avaient pas besoin non plus de s’asseoir comme les humains. Ils le faisaient uniquement pour les mettre à l’aise, comme maintenant. Violette avait pris place devant Michaël. 

-       Michael Thomas de l’Intention pure, comment te sens-tu ? 

Elle avait entamé la conversation par une question qui permettrait à Mike d’exprimer ses émotions au sujet du dernier jour de projection, ce qu’il fit, y ajoutant une pensée qui avait accaparé son esprit au cours de la soirée précédente. 

-       Ma chère Violette – Mike l’aimait vraiment beaucoup – je sais que tu ne peux intentionnellement blesser un humain ; je sais que ta conscience angélique ne te permet pas de causer de la douleur, de la souffrance, du doute ou de la peur. Mais en me montrant ces films, tu as produit tout cela et je suppose qu’il y a une explication. Comment je me sens ? 

Mike s’arrêta un peu pour réfléchir, car il voulait exprimer ses émotions des derniers jours, le plus honnêtement possible. 

-       Agressé, dit-il, horrible, attaqué, triste de mes propres échecs, coupable de mes actions, en colère contre ceux qui m’ont assailli, dévasté par la peine produite par des circonstances indépendantes da ma volonté, abattu, tourné vers l’intérieur. 

Mike ouvrait totalement son cœur à l’Ange Violette. Il le faisait sans trop d’émotions puisqu’il le savait toutes exprimées la nuit précédente. Il essayait de décrie ce qu’il ressentait à Violette. Les mots vinrent d’abord aisément, puis il commença à répéter. Violette le laissa tout de même poursuivre. Le processus de libération était en cours. Michaël s’était exprimé, s’était plaint de plaint encore. Il ne demanda jamais pourquoi on lui avait montré ces films. Intuitivement, il savait que Violette allait répondre à cette question… et il avait raison. 

Quand il eut fini, il eut soif. Il but l’eau qu’on avait laissée à sa portée et indiqua par un geste de la main qu’il avait terminé. Violette se redressa et commença son enseignement. 

-       Michaël, lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux avec une intensité dont l’origine devait être divine, il en était certains. 

« En tant qu’humain préparant son retour chez lui, c’est la dernière fois que tu ressens quelque chose du genre ». Elle le laissa réfléchir quelques instants et se leva pour se diriger vers un mur en apparence tout blanc. Elle déroula un parchemin fixé à l’extrémité du mur, près du plafond, ce qui rappela à Mike les cartes géographiques fixées aux murs des classes au-dessus des tableaux noirs. Le parchemin portait les mêmes étranges caractères de style arabe déjà vus dans la Maison des cartes. Il ne parvenait pas à les lire. 

-        mon rôle consiste à t’expliquer que toi, ainsi que tous ceux qui se sont retrouvés dans  ta vie, avez soigneusement planifié ce que tu as vu se dérouler sur l’écran du « cinéma de la vie » au cours des deux derniers jours. Mike écoutait attentivement, sans vraiment comprendre comment c’était possible. 

-       Planifié ? 

-       Oui. 

-       C’est impossible. Il y avait des accidents, des coïncidences, des faits divers, plusieurs facteurs dus au hasard. 

-       Tu as tout planifié avec les autres. 

-       Mais, comment ? 

-       Michaël Thomas tu sais déjà que tu es une entité éternelle. Tu es ici pour obtenir l’autorisation et la formation nécessaires pour rentrer chez toi, pour retourner sur cette terre sacré où tu crois trouver des réponses, la paix, un sens à ta vie, selon ta propre définition des choses. Ce que tu ne sais pas encore, c’est que tu  as fait en tant qu’humain sur la terre plusieurs séjours. Cette fois, tu es Michael Thomas. 

Mike avait déjà entendu parler des vies antérieures, et une personne de confiance qui confirmait encore cette notion qu’l accepta avec émerveillement. Violette continua. 

-       Lorsque tu n’es pas sur la terre, tu planifies les leçons de ta prochaine vie, car tu es le seul à connaître tes besoins. En collaboration avec les autres, tu prépares tes leçons de vie. Certains acceptent de te mettre au défi. D’autres consentent à être le sable de ton huitre pendant des années ! D’autres encore acceptent d’être plus près de toi et certains même mourront pour t’aider à réaliser tes besoins et les leurs. Cela fait partie de leur contrat ! Ebahi par cette information, Mike demanda : 

-       Mes parents, savaient-ils ? 

-       Vous le saviez TOUS, Michael, et c’est le plus grand présent que tu aies reçu de toute ta vie. Les yeux de Violette laissaient voir une compassion comme Mike n’en avait jamais vu. Elle le connaissait à un tel point § Elle était prête à tout lui expliquer s’attendait à de fortes émotions et pouvait répondre à toutes ses questions. Elle était formidable. 

-       C’est assez complexe, vois-tu Michael. Chaque incarnation humaine est reliée aux autres. Des contrats sont établis avant ton arrivée, prévoyant ta puissance d’apprentissage et de croissance. Tu es l’épine de quelqu’un d’autre et une perle d’une valeur inestimable. Ce que tu appelles accident ou coïncidence est soigneusement planifié. 

-       C’est la prédestination ? 

-       Non, tu choisis tout. Le chemin est tracé et tu peux décider de le suivre ou non. Tu peux même en créer un nouveau si tu le désires. C’est d’ailleurs exactement ce que tu es en train de faire. Lorsque tu as exprimé l’intention d’emprunter ce chemin, tu as balancé le contrat que tu avais conclu avec les autres. Tu es allé au-delà des événements planifiés pour l’apprentissage de tes leçons et tu as plutôt choisi la mine d’or. Maintenant, tu as une véritable vision d’ensemble de toute la situation. 

-       Mais pourquoi les films, alors ? 

-       Pour que tu puisses revoir chaque détail de ta vie qui te semble négatif et comprendre que tu as participé à sa création. Tu as pris part à sa planification et u l’as accomplie selon un plan établi>. En d’autres termes, tu es responsable de tout. 

Mike était étonné par toutes ces idées. Il n’en comprenait pas encore le mécanisme 

-       Et si j’avais voulu tout changer ? Pourquoi ai-je chois des expériences si difficiles et si tragiques ? Violette était prête à répondre. 

-       Lorsque tu n’es pas ici, Michaël, tu possèdes l’esprit de Dieu. Tu n’en es pas conscient maintenant, mais c’est ainsi. La mort et les circonstances émotives sont de l’énergie vers Dieu. Tu es éternel, et les allées et venues des humains sont destinées à des objectifs beaucoup plus élevés que tu ne le crois, un but que tu comprendras un jour quand tu prendras ma forme. Pour l’instant, qu’il te suffise de savoir que ce que tu appelles tragédie, malgré toute l’horreur que tu y perçois dans ton état d’esprit actuel, peut être le catalyseur d’un changement planétaire, d’une augmentation de la vibration et d’un présent au-delà de toute imagination. C’est la vision d’ensemble qui compte, et non pas l’événement réel. Malgré la confusion qui peut s’en dégager pour l’instant, c’est ainsi. Violette arrêta quelques instants pour permettre à Mike de réfléchir. Puis, elle reprit. 

-       Pour ce qui est de changer les événements, c’est un choix que tu as toujours eu, mais qui est caché à la plupart des humains. C’est le test de la vie, Michaël. Tu pourrais regarder la situation de cette façon : lorsque tu quitteras la maison, tu auras tendance à suivre la route. C’est la solution la plus naturelle. C’est facile et tu n’as pas à penser à ta direction. Le chemin est là et t’indique la voie ; alors, pourquoi ne pas le suivre ? Mais, en vérité, sur la terre des sept maisons, le chemin mène toujours dans la même direction, ondulant légèrement. Voilà pourquoi, tu pourrais atteindre la maison suivante sans doute plus rapidement si tu te dirigeais dans sa direction, sans emprunter le chemin. Tu pourrais même découvrir des merveilles sur ta route, hors des sentiers battus. Le chemin ondule mais conduit toujours dans la même direction, vers l’avenir. La plupart des humains restent sur la route, ne réalisant  jamais qu’ils peuvent la quitter s’ils le désirent. C’est lorsqu’ils font autrement que tout change pour eux, surtout leur avenir. Ils commencent en fait à s’écrie un nouveau futur dès qu’ils expriment l’intention e quitter la voie. Ils trouvent la paix lorsqu’ils parviennent à mieux maîtriser leur vie. Ils découvrent leur but. Certains passent même par ici ! Violette avait un sourire entendu. 

-       Et la Maison des responsabilités ? interrogea Michael. 

-       C’est ici que tu apprends que TOI, Michaël Thomas de l’Intention pure est directement responsable de tout ce qui constitue ta vie. La tristesse, la peine, les présumés accidents, les pertes, ce que les autres t’on fait, la douleur et, oui, même la mort. Tu savais qu’elle serait là, tu l’avais planifiée avec les autres et tu as joué le jeu jusqu’à maintenant. 

-       Dans quel but ? 

-       Dans un but d’amour, Michael. L’amour le plus élevé. Tu connaîtras le plan d’ensemble au moment opportun. Pour l’instant, tu dois saisir que tout est important et fait partie d’un amour que tu connais déjà et auquel tu participes dès à présent. Les apparences sont parfois trompeuses. 

Les mots résonnaient aux oreilles de Michael. Les apparences sont parfois trompeuses. C’était les paroles du premier ange, celui de la vision qui avait suivi le vol. Puis les autres les avaient aussi prononcées. L’esprit de Mike se récitait ces nouveaux concepts. Puis, il se rappela les paroles de Bleu dans la Maison des cartes. Ce sont les contrats de tous les êtres humains de la planète. Dans les petites cavités que Bleu gérait, et il y en avait des millions, se trouvaient les plans éventuels de toute l’humanité, établis par les individus eux-mêmes et prêts à être altérés par ceux qui le souhaitaient. 

La vérité du message frappa soudain Mike comme une masse. Si seulement il avait su ça lorsqu’il était jeune. Il aurait tellement mieux compris la vie. Il aurait pu changer son futur. Il aurait pu trouver la paix. Les décès, les amours perdus, la dépression, quels éléments d’espoir et de sagesse ils auraient pu constituer ! la pensée du choix lui permettant de modifier sa vie l’éblouissait. Violette avait raison. Mike avait suivi le chemin de sa vie sans broncher, permettant à tout ce qu’il avait planifié de se produire. Il avait du mal à saisir cette notion de planification. Elle le rendait responsable de tout ce qui s’était passé. Il se retrouvait devant une perspective totalement différente. Ça lui aurait été si utile ! Sa vie aurait été complètement différente. Aucun membre de l’église ne lui avait appris une chose pareille. Il aimait Dieu et il avait toujours accepté le caractère sacré de sa demeure, mais on lui avait  toujours appris qu’il était un mouton qui suivait un berger. Aucun enseignant spirituel ne lui avait dit qu’il avait tant de pouvoir. 

-       Violette, s’il en est ainsi, pourquoi ne m’a-t-il pas appris ça à l’église ? 

-       L’église n’enseigne pas tout sur Dieu, Michael. Il arrive même qu’on t’y  apprenne beaucoup de choses sur les humains et sur ce qu’ils pensent de Dieu. Violette ne portait pas de jugement et ne critiquait pas les humains ; elle rapportait simplement les faits. 

-       L’église a-t-elle eu tort ? 

-       Michal, la vérité est la vérité, et tu en trouveras des parties dans l’ensemble de tous les systèmes spirituels. Tu es hautement respecté pour ta recherche de la vérité à propos de Dieu. L’amour, les miracles et le mécanisme du fonctionnement des choses sont tous présents à un certain degré dans ton lieu de dévotion. Voilà pourquoi  tu y ressentais l’esprit de Dieu. L’esprit honore la quête, même en présence d’une connaissance partielle. N’oublie pas que ton existence véritable t’est inconnue même maintenant, au moment où tu entends la vérité. Ton église et toutes les quêtes spirituelles de ta planète sont grandement respectées parce qu’elles représentent la recherche de Dieu et de la vérité spirituelle. Mais il est triste que les humains exercent un contrôle sur cette quête et l’empêchent de se développer en la limitant et en maintenant ceux qu’ils dirigent dans la peur. 

Le mérite se trouve dans la recherche et non dans la découverte. Le caractère sacré de la planète réside donc chez celui ou celle qui foule son sol et non dans ses édifices aux nombreux clochers. Violette s’approcha du parchemin qu’elle avait déroulé. « Tu penses que tes Saintes Ecritures sont sacrées. Regarde bien ceci, dit-elle en lui indiquant l’écriture cryptique du papier. Ce sont les dossiers akashiques de l’humanité. Ils contiennent les dossiers de toutes les vies et des contrats potentiels ». Elle fit une pause pour marquer son respect. « Michal, ce sont là les écrits les plus sacrés de l’univers et ils ont été écrits et réalisés par ceux qui ont décidé d’être des humains ». 

Elle le regarda fixement, ce qu’elle n’avait pas fait depuis quelque temps. Il saisissait le message. Tout à coup, il se rendit compte qu’elle avait adopté une attitude respect à son égard, de respect spirituel. Le renversement des rôles le mettait mal à l’aise. Il voulait en apprendre plus et elle répondait à sa demande. 

Les jours qui suivirent dans la Maison des responsabilités s’écoulèrent dans la découverte de messages profonds sur l’humanité et la vie. Non seulement Mike en apprit-il davantage sur ce qu’il était, mais il sut qui il avait été. Toutes les pièces du casse-tête s’imbriquaient les uns dans les autres. Violette lui fit voir les dossiers et les contrats de ses parents et d’autres qui avaient traversé sa vie. Tout ce qui lui était transmis était parfaitement approprié et il ne vit rien qui aurait pu changer son avenir. Toutefois, une image beaucoup plus étendue de sa vie commençait à prendre forme. Le détail le plus impressionnant ? Que les humains sont en fait des parties de Dieu qui errent sur la planète sans le savoir, ce qui leur permet de transformer les caractéristiques spirituelles et la vibration de la terre même ! Violette faisait constamment référence aux humains comme à des personnages haut placés. Les humains étaient des entités qui devaient changer le fondement même de la réalité sur une très vaste échelle ; et tout tournait autour des leçons apprises sur la terre, leçons qu’ils avaient planifiées ensemble ! 

Puis, il fut temps de repartir. Mike se sentait une nouvelle créature. Sa connaissance du déroulement des choses avait décuplé. Il avait tout assimilé et sentait qu’on l’avait induit en vérité. Au moment où il revêtait son armure pour entreprendre le voyage qui le mènerait à la prochaine maison, il entendit les paroles d’Orange résonner à ses oreilles. L’épée de la vérité, le bouclier de la connaissance, l’armure de la sagesse. Les éléments s’assemblaient pour former un tout spirituel serré. Il comprenait que les armes présentaient un caractère cérémonial et un but. Les paroles lui étaient répétées, expliquées et il parvenait finalement à les comprendre. 

Violette raccompagna Mike au seuil de la porte.

-       Michael Thomas de l’Intention pure, tu me manqueras.

-       Violette, j’ai l’impression de quitter la maison et non d’être en route pour m’y rendre. Mike se sentait près d’elle et elle était devenue en quelque sorte un membre de la famille. Jusqu’à présent, il avait rencontré trois anges frères et, maintenant un ange mère ! Qu’est-ce qui m’attend maintenant ? 

-       D’autres membres de la famille, lui dit Violette, saisissant ses pensées. 

A la porte, Mike retrouva ses chaussures où il les avait déposées. Il se rappela aussi qu’on n’avait pas répondu à sa question sur ce point. Il regarda tour à tour ses chaussures et Violette. 

-       Encore une chose, dit-il, souhaitant savoir pourquoi on lui avait demandé de les enlever. 

-       Oui, Michaël, je n’ai pas oublié. Mais tu peux me répondre maintenant. Elle souriait, attendant patiemment la réponse. Mike le savait, mais hésitait à la verbaliser. C’était tellement grandiose, tellement flatteur ! 

-       Dis-le Michaël. Violette reprenait son rôle d’enseignante. 

-       Parce que l’humain est sacré. Et parce que dans cette maison, les humains foulent une vibration plus élevée.

Visiblement émue, Violette répondit : 
-       Je n’aurais pu espérer de meilleure réponse, Michael Thomas de l’Intention pure. C’est en réalité la présence de l’humain et non celle de l’ange qui rend cette place sacrée. Michael, tu es vraiment un être humain extraordinaire. Je rends hommage au Dieu en toi. J’ai une question à te poser. Mike connaissait la question, mais permit tout de même à Violette de la poser. 

-       Mickael, est-ce que tu aimes Dieu ? 

-       Oui, Violette, j’aime Dieu. 

Il était sur le point d’éclater. Il ne craignait pas de montrer ses émotions à Violette. Il était triste de quitter l’endroit où il avait retrouvé l’énergie qu’il croyait avoir perdue à tout jamais à la mort de ses parents. Il se retourna et descendit quelques marches, et puis se retourna encore. 

-       Tu me manqueras, mais tu resteras dans mon cœur. 

Il se lança sur le chemin qui le mènerait à la prochaine maison et se retourna une fois de plus pour ajouter une dernière chose à l’ange qui le regardait s’éloigner. 

-       Regarde Violette ! 

Dans un style théâtral et avec des mouvements d’enfant, Michal Thomas quitta le chemin tracé dans un grand envol et s’aventura dans la plaine luxuriante. Il se retourna et s’écria : 

-       Regarde, j’ai décidé de tracer mon propre chemin ! Il riait et sautait et continua ainsi jusqu’à ce qu’i ne puisse plus apercevoir la maison violette. 

Violette demeura sur le seuil jusqu’à ce qu’il disparaisse. Telle un mère, elle était remplie de fierté. Puis elle rentra et referma la porte. Elle reprit sa forme naturelle, qui n’était pas humaine, mais tout de même magnifique et s’adressa aux autres. 
-       Si c’est là un spécimen de la nouvelle génération d’humains, toute une étape spirituelle nous attend ! 

Sur le sentier, quelques mètres plus loin, une créature horrible attendait. La forme répugnante avait soigneusement préparé son piège et elle était convaincue que Michaël Thomas ne pourrait soupçonner ce piège. L’entité négative savait que Mike avait quitté la maison et avait repris sa route. Elle le sentait et était ravie ! 

Il ne faudra pas longtemps, maintenant. Alors que Michael Thomas me croira derrière lui, je l’attaquerai par devant. Il ne saura pas ce qui se passe ! Elle s’amusait de l’astuce qu’elle avait réussi à imaginer dans cette terre de rêve. A tout instant maintenant…. 

L’horrible forme attendit longtemps. Michael Thomas avait quitté le sentier. 


 Kryeon, canalisé par Lee Carroll dans le livre LE RETOUR

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